Prévenir les décès maternels en améliorant l’accès au dépistage par échographie

Juil 14, 2022

Stella Ablavi Kossivi est mentor clinique chez Santé Intégrée depuis près de cinq ans. Lorsque notre équipe de communication l’a rencontrée un mardi matin d’avril, elle se trouvait au centre de santé de Sarakawa, qui était bondé de patients. Dans la petite maternité, les agents de santé s’activaient. Ce jour-là, Stella participait à l’installation d’un appareil d’échographie. Alors que le technicien biomédical donnait des instructions sur la façon d’utiliser l’appareil, Stella écoutait attentivement. Cette dernière fait partie d’une cohorte de 20 sage-femmes récemment formées par le ministère de la santé pour effectuer des échographies. Elle aide désormais les sage-femmes de la Kozah à réaliser des écographies de premier niveau tout en s’assurant que le programme est correctement mis en œuvre.  

Accès aux soins prénataux dans les zones rurales du Togo

Le district de Kozah, où travaille Stella, est caractérisé par des taux élevés de décès maternels. Malgré les efforts déployés par le gouvernement, cela reste un problème de santé publique majeur. Parmi les principales causes de décès figurent les complications survenant pendant la grossesse ou l’accouchement. La plupart de ces complications auraient pu être évitées ou traitées avec l’aide des échographies.

Au Togo, la distance et le coût constituent les principaux obstacles à l’accès aux soins. De nombreuses femmes vivant dans des zones rurales sont à des kilomètres de l’établissement médical le plus proche, sans moyens de transport abordables. Une échographie coûte en moyenne 5 000 francs CFA (environ 8 dollars américains) et seuls les obstétriciens, les gynécologues et les radiologues sont formés à leur utilisation. Par conséquent, cela reste une technologie difficile d’accès laissant un vide en matière services fournis. C’est particulièrement le cas dans les zones rurales où les sage-femmes constituent le premier point de contact pour les femmes enceintes. 

Apporter les soins essentiels là où se trouvent les patients, quand ils en ont besoin  

Le programme de soins primaires intégrés (PSPI) est conçu pour s’attaquer à ces principaux obstacles aux soins. Santé Intégrée équipe les centres de santé d’appareils d’échographie mobiles et forme les sage-femmes leur l’utilisation lors des soins prénataux de routine.

Dans la région de Kara, 19 appareils d’échographie portables tournent entre les centres de santé chaque semaine pour examiner les femmes enceintes dans 84 centre de santé gouvernementaux. Les consultations prénatales n’ayant pas lieu tous les jours, les centres de santé communiquent leur calendrier de consultation aux autorités du district, qui déploient les machines en conséquence. Stella et ses collègues mentors cliniques forment les sage-femmes des centres de santé à lire les images échographiques pour détecter les signes de danger, notamment le nombre de fœtus et leur position, les anomalies du fœtus et tout signe de fausse couche. Lorsque ces signes de danger sont identifiés à un stade précoce, les sage-femmes peuvent agir rapidement pour assurer la sécurité des femmes et de leurs bébés. Les sage-femmes peuvent fournir certains traitements au centre de santé et peuvent également orienter les femmes vers des hôpitaux régionaux pour des niveaux de soins plus élevés si nécessaire. Ces examens critiques peuvent également permettre de déterminer si une césarienne sera nécessaire, auquel cas les femmes enceintes ont le temps de planifier leur accouchement à l’hôpital régional. Toutes ces initiatives permettent d’éviter les situations de transport d’urgence pendant l’accouchement, qui peuvent avoir des conséquences mortelles.  

Mise à l’échelle du programme d’échographie avec le Ministère de la Santé

Santé Intégrée soutient ce programme d’échographie à travers 25 centres de santé depuis plusieurs années, et nos partenaires gouvernementaux en ont pris note. En 2021, Compte tenu du succès du programme, le département régional de Kara du ministère de la santé a demandé à Santé Intégrée de soutenir la mise à l’échelle du programme sur l’ensemble de la région de Kara. D’une initiative d’ONG à un programme régional gouvernemental, les échographies s’avèrent être une composante essentielle des services de soins primaires dispensés au Togo. Et transférer ce programme à nos partenaires gouvernementaux est le seul moyen d’assurer sa pérennité. 

Santé Intégrée a donc élaboré la stratégie du programme en collaboration avec les autorités sanitaires régionales de Kara, en s’appuyant sur les leçons tirées de son expérience dans la mise en œuvre du programme. Les deux équipes ont organisé une formation pour 20 sage-femmes sélectionnées dans toute la région de Kara. La formation a commencé par une semaine de cours en classe sur la façon de lire les images échographiques pour détecter les signes de danger. Afin d’appliquer et de mettre en pratique leurs compétences en matière d’échographie, les participants ont pris part à des stages sous la supervision et l’encadrement de médecins de l’hôpital universitaire de Lomé.

« Grâce à cette formation, nous serons en mesure de détecter plus rapidement les complications potentielles et d’orienter les femmes en cas de besoin. Cela permettra d’améliorer la qualité des soins. »

KOSSIVI Stella Ablavi, Mentor Clinique, Centre de Santé de Kozah

L’équipe régionale de gestion de la santé travaille actuellement à la mise en œuvre de la composante itinérante du programme et élabore une stratégie de financement pour la mise à l’échelle. Ce programme est essentiel pour réduire les décès maternels dans la région. Il permettra aux femmes, où qu’elles vivent, d’avoir un accès facile et gratuit à la technologie. Le programme d’échographie rapproche ainsi les soins prénataux vitaux des patients que nous servons.