Un vendredi matin à Lomé, quartier Tokoin. Dans la vaste salle de conférences de l’Hôtel EDA-OBA, pleine d’invités. Personnalités administratives, civiles et traditionnelles côtoient le personnel de l’ONG Internationale Santé Intégrée (SI). Ces personnes réunies, ce 10 mars 2023, sont à la Journée Porte Ouverte (JPO) de l’Organisation. Un événement destiné à faire connaître Santé Intégrée auprès de ses partenaires et du public togolais. Assis aux premiers rangs, un groupe de chefs traditionnels identifiables par leurs accoutrements majestueux. Parmi eux, sa Majesté Adom ASSIMA, Chef canton de Djamdè (district de la Kozah). Depuis son siège, le sexagénaire consulte le programme du jour. Dans un boubou traditionnel d’apparat et chéchia rouge vif à la tête, l’homme agite de temps à autre la main pour honorer d’un salut le staff de SI qui lui est familier, parce que son canton fait partie des localités desservies par le programme des soins primaires intégrés de l’ONG depuis 2015.
Djamdè est une localité située à une trentaine de kilomètres de la ville de Kara (nord du Togo). Avant le lancement du programme de soins primaires intégrés de Santé Intégrée, de nombreux problèmes de santé subsistaient dans le milieu à l’instar de toutes les zones d’interventions de SI. D’ailleurs, sa Majesté aime souvent évoquer un « avant » et « avec » Santé Intégrée pour parler de la situation sanitaire de sa communauté. Effectivement, les données de santé recueillies avant 2020, issues des indicateurs nationaux, étaient préoccupantes. Le taux de mortalité des moins de cinq ans par exemple était de 51%. Celui de la mortalité post-natale était de 14,9%.
Djamdè est donc un milieu où la précarité sanitaire est perceptible. Au sein de sa population, de nombreux démunis. Précisément, le revenu que procurent les activités économiques ne permettent pas à un bon nombre de ceux qui les entreprennent et qui sont malades de payer à la fois le transport pour atteindre une formation sanitaire, les frais inhérents aux soins médicaux et éventuellement les frais de séjour. Ils estiment donc que les soins médicaux coûtent trop cher au regard de leur pouvoir d’achat. De plus, la formation sanitaire de la localité était désuète un temps, ce qui obligeait les malades à aller dans un centre de santé mieux équipé, situé à des dizaines de kilomètres. Ce que n’a pas manqué de raconter le Chef canton à l’auditoire au cours d’une prise de parole. « J’étais élève au lycée quand un jour ma grande sœur était gravement tombée malade parce qu’elle devait accoucher. Il n’y avait aucun moyen, et l’on m’a envoyé à pied à Kara. J’ai couru jusqu’à Kara pour chercher l’ambulance. Au retour dans mon village, ma grande sœur était morte », a laissé entendre sa Majesté Adom ASSIMA, invité à s’exprimer sur les problématiques de santé de sa communauté.
C’est en témoin oculaire que ce représentant de sa communauté est venu à la JPO. Leader communautaire, proche des habitants, il connait les préoccupations les plus essentielles des populations. Il sait comment les actions de SI aux côtés du gouvernement togolais ont contribué à améliorer la santé des femmes et enfants de sa localité. En effet, à travers le projet « Renforcement des systèmes de santé à base communautaire (RSS-BC) » qui consiste à faire des interventions de soins maternels et pédiatriques dans 45 établissements sanitaires du nord du Togo, ces cinq dernières années, des progrès importants ont été accomplis en matière de santé dans cette localité à faible revenu. On observe une réduction de la mortalité infantile et une amélioration significative des indicateurs de santé. Le taux de mortalité post-natale a baissé entre 2015 et 2020, pour atteindre 8,1% tandis que celui de la mortalité des moins de cinq ans est passé à 35% sur la même période. Le Chef est très fier de cette amélioration et le crie haut à qui veut l’entendre.
Leader communautaire, sa Majesté collabore et assite régulièrement le personnel de Santé Intégrée. Il dit vivre son « engagement » au quotidien. « Chaque matin, je me demande comment je peux me rendre utile », confie-t-il. « Le rêve de rendre les soins de santé primaires de qualité accessibles à tous les togolais est possible », assure-t-il.