Ya Kazere venait d’accoucher d’un bébé fort et en bonne santé. Elle et son mari étaient reconnaissants de la réussite de la naissance de leur premier enfant et se réjouissaient de pouvoir agrandir leur famille ensemble. Ya savait qu’elle devait attendre d’avoir un autre enfant jusqu’à ce qu’elle se sente à nouveau forte. Elle a donc décidé de discuter avec son mari de la possibilité de recourir à la planification familiale jusqu’à ce qu’ils soient prêts.
La première fois qu’elle a abordé la discussion avec son mari, il était complètement contre. Selon lui, la planification familiale donne aux femmes une excuse pour être infidèles, une rumeur néfaste qui remet en cause l’accès des femmes à la planification familiale depuis des décennies. Ya a donc décidé d’adopter elle-même la planification familiale, sans en parler à son mari.
L’adoption de la planification familiale peut s’avérer difficile pour de nombreuses femmes des zones rurales du Togo en raison d’idées fausses très répandues qui peuvent les empêcher d’accéder aux soins dont elles ont besoin. Par exemple, certains pensent que le recours à la planification familiale rend une femme infertile. D’autres pensent qu’une femme devient infidèle parce qu’elle ne peut pas tomber enceinte. Ces croyances sont non seulement erronées, mais elles privent la femme de son droit de choisir. Et dans la plupart des cas, les femmes n’ont que peu ou pas de choix concernant leur propre corps.
Au cours des cinq dernières années, Sante Intégrée a travaillé avec le Ministère de la Santé togolais pour rapprocher les soins de santé des communautés rurales. En fournissant des services de santé de base, comme la planification familiale, les femmes rurales peuvent éviter les grossesses à risque et même la mort. Heureusement, Ya, comme beaucoup d’autres femmes rurales togolaises, a une Agent de Santé Communautaire de confiance soutenu par Sante Intégrée qui peut l’aider, elle et son partenaire, à faire le bon choix pour eux-mêmes. Ya a parlé avec son Agent de Santé Communautaire local, M’lowsa Kataka, qui l’a aidée à décider de la méthode à choisir. M’lowsa l’a orientée vers la sage-femme du centre de santé pour recevoir un implant contraceptif.
Peu de temps après avoir commencé la planification familiale, Ya a commencé à souffrir d’effets secondaires, et elle se sentait souvent malade. Elle ne pouvait plus cacher ses symptômes et son mari a découvert la vérité sur son choix d’utiliser la planification familiale. Pour sa sécurité, il lui a dit de retourner à la clinique et de se faire retirer l’implant. Quelques mois après le retrait de l’implant, Ya a eu trois grossesses à un an d’intervalle, ce qui a mis en danger sa vie et celle de ses enfants, tout en ajoutant un stress financier supplémentaire à la famille grandissante.
Ya savait qu’elle devait trouver un moyen sûr d’utiliser la planification familiale. Elle s’est tournée une fois de plus vers son Agent de Santé Communautaire, M’loswa.
Ya et son mari ont rencontré M’loswa et lui ont expliqué leur situation. En réponse, M’loswa leur a fourni des informations détaillées sur les méthodes de planification familiale, leurs effets secondaires et, surtout, les avantages de la planification familiale pour leur famille. M’loswa a expliqué qu’en la planification familiale, Ya et son mari pouvaient décider eux-mêmes du moment où ils voulaient avoir un enfant et pouvaient donner à Ya le repos nécessaire entre les grossesses. Comme elle était originaire de leur communauté, M’loswa connaissait les raisons du refus du mari et savait donc exactement comment aborder la situation. Avec patience et compétence, elle a fourni à Ya et à son mari des exemples concrets d’autres familles qui avaient successivement pratiqué la planification familiale dans la communauté, avec le consentement préalable des familles. Après quelques conversations entre eux trois, le mari de Ya a finalement compris que la planification familiale était bénéfique non seulement pour sa femme mais aussi pour toute la famille. Il était d’accord.
Grâce à la planification familiale, Ya et son mari ont repris le contrôle de leur vie. Le mari de Ya s’est rendu compte que ce choix l’a aidé à réduire le stress lié à la nécessité de subvenir aux besoins financiers de sa famille, ce qui lui a permis de donner à ses enfants la nourriture et l’éducation dont ils ont besoin pour s’épanouir. Après leur cinquième enfant, Ya a commencé à utiliser une méthode de planification familiale qu’elle renouvelle tous les trois mois avec l’aide de L’Agent de Santé Communautaire de confiance. Ya et son mari économisent désormais de l’argent tout en se concentrant sur leurs cinq enfants. En outre, Ya a repris le contrôle de son propre corps et a le sentiment qu’un énorme fardeau a été enlevé de sa vie et qu’elle se sent désormais plus légère. « Rien que d’y penser, je me sens tellement bien. Cela me donne la paix de l’esprit et me fait sentir épanouie », a-t-elle déclaré.
Sante Intégrée, en partenariat avec le Ministère de la Santé, travaille ensemble pour augmenter l’accès à des soins de santé de haute qualité au Togo. En s’assurant que les femmes, comme Ya, à travers le Togo rural ont accès à la planification familiale, plus de femmes et leurs familles auront l’opportunité de choisir une vie saine et productive pour elles-mêmes.